Los Bailaderos, Tenerife

En une semaine sur Tenerife, nous avons eu le temps de faire plusieurs randonnées, qui, toutes, nous ont réservées leur lot de surprises, et nous ont émerveillées. Mais s'il ne fallait en retenir qu'une, ce serait la randonnée de Los Bailaderos. Rien que le nom faisait rêver. Los Bailaderos, les danseurs, est un minuscule village, au coeur du Massif du Teno, au Nord Ouest de l'île.

L'itinéraire débute au pied du Teno Alto et on connait le programme : Il faut grimper et franchir la ligne de crêtes qui se dresse devant nous. Mais, comme souvent en rando, la pente est plus impressionnante à regarder qu'à gravir, et la montée se fait tranquillement. Au col, le vent souffle, la route s'arrête ici. Il y a quelques touristes qui s'éloignent de quelques pas de la route pour prendre des photos depuis le sommet. Quelques mètres plus loin, nous sommes à nouveau seules au monde.

On pique niquera un peu plus loin, à l'abri des rafales du côté du massif le plus ensoleillé.La vue est plongeante sur la vallée rocheuse.

Peu de temps après, on arrive dans le petit village de Los Bailaderos, où survivent un bar, une épicerie et une minuscule chapelle. Les quelques maisons blanches semblent nous regarder passer.

On continue notre montée derrière le village, où on arrive à un col taillé dans la roche ocre, qui nous fait penser à un petit désert Américain. Le vent s'amuse à nous pousser dans la descente et nous fait courir, et on saute aussi, pour capter le soleil sur les rochers.

Se succèdent alors un florilège de paysages superbes : Une vaste plaine aux allures de steppe Mongole, une vallée volcanique au sol rouge flamboyant, puis un canyon abrupte, la cerise sur le gâteau.

On empruntera un petit chemin en balcon, pentu, vertigineux et époustouflant, pour nous ramener jusqu'au niveau de la mer et au village de Buenavista del Norte.

Randonnée de 4h environ,

Sentiers balisés au départ de El Palmar, PR TF 57, puis à partir de Los Bailaderos, PR TF 58 (dit camino risco !)

Tenerife est une île faite de contrastes et de diversités. Ses paysages sont vertigineux et impressionants. Depuis la côte, les montagnes ne sont jamais loin. Au somment de la montagne, l'Océan est toujours proche. Sur une même randonnée, on peut se croire à la fois sur l'île de la Réunion, puis dans le Colorado, ensuite en Islande et quelques pas plus tard en Mongolie. C'est un mélange de terre de feu, d'eau, de soleil, et de nature exubérante. La roche se mêle à la forêt, le volcanisme est présent partout, la neige peut parfois nous surprendre. Certains villages restent perpetuellement cachés dans la brume des sommets tandis que ceux de la côte sont baignés de soleil toute l'année. Nous avons silloné toute la côte Nord de l'île et palpé l'ambiance détendue de ses villages colorés. Nous avons pu compter sur les doigts de la main les hôtels ou simples chambres d'hôtes sur cette partie de Tenerife, et ainsi réaliser à quel point cette côte pouvait être boudée par les touristes recherchant plage et mer turquoise.

C'est ce que nous avons vu de Tenerife et c'est ce que nous avons adoré.

Mais l'île semble avoir un second visage, que nous n'avons pas voulu plus découvrir. Celui du tourisme balnéaire de masse. Nous l'avons entraperçu après notre randonnée dans le ravin de Masca, où nous sommes passées par la station balnéaire de Los Gigantes. La ou les investisseurs touristiques détruisent littéralement la montagne pour aligner des barres d'hôtels immondes. Là où les touristes bronzés et lunettes de soleil posés sur la tête se comptent par millier, là où on ne voit que des boutiques vendant des magnets de Tenerife et des tee shirts made in China avec "I love Tenerife"... Nous avons entraperçu ce visage là aussi.

Il en faut pour tous les goûts, et certainement que le Sud recèle également des trésors insoupçonnés de merveilles naturelles. Mais nous laisserons notre place, en pensant à ce constat : Il est donc possible de partir en vacances sur une même destination, et de vivre deux voyages totalement aux antipodes. C'est bien sûr le cas pour chaque pays, mais je crois que c'est la première fois que celà me frappe à ce point. Ceci étant, je garderai surtout dans mon esprit l'image de ce paradis de la randonnée, émergeant au milieu de l'Atlantique dans un décor somptueux...